2021 - Déconfinement.

Printemps 2021 je suis reparti quelques semaines à vélo sillonner la France. Dans des régions que je ne connaissais pas ou peu, en essayant d’éviter les grands axes et les grandes villes.  

Le couvre feu, les gestes barrières, le port du masque, les éventuels re confinements, les contacts différents ... il faudra faire avec et s'adapter.  Pas de café, pas de resto pour se faire une bonne bouffe. Pas d'activités culturelles ... et qu'est ce qu'il en sera de l'hébergement chez l'habitant, des campings ou auberges de jeunesses quand je souhaiterai me reposer ? 

Initialement je pensais partir début avril. Départ différé d'un mois  à cause d'un rerere confinement et couvre feu, annoncé la veille du départ. Début mai j'ai quitté le Finistère pour 6 à 8 semaines, au lieu de 12. J'ai  pris la direction de l'Est pour rejoindre le Mont Saint Michel, mon premier objectif.

J'ai d'abord traversé le centre Finistère pour rejoindre un lieu de bivouac idéal où j'avais déjà été, une ancienne gare. 

Alors que je pensais me rendre à la vallée des Saints,  l'orage m'a poussé vers Carhaix pour me protéger. Première et unique crevaison sous le déluge, et picnic sur le site des Vieilles Charrues ...

Lundi 3 mai -  Le Cloitre Lanéanou (Finistère ) - 60 km. Bivouac

Mardi 4 mai - Guerlédan ( Cotes d'Armor) - 88 km. Bivouac

Mercredi 5 mai - Saint Méen Le Grand (Ille et Vilaine) - 89 km. Bivouac

Jeudi 6 mai - Dinan -(Cotes d'Armor) - 46 km. Camping

Vendredi 7 mai - Céaux (Manche) - 86 km. Camping

J'ai poursuivi par le Canal jusqu'à Guerlédan. 

A Mur de Bretagne, comme son nom l'indique ça grimpe. Je découvre l'ancienne voie ferrée Carhaix-Saint Méen Le Grand. J'ai pris cette voie verte, longue, molle et usante, mais qui permet de bien traverser la Bretagne.

Il me fallait changer mon système de réchaud en difficulté sous cette pluie. Je faisais une croix sur Brocéliande, et je prenais la direction du premier Décathlon, à Dinan. Je m'y rendais par une voie partagée sympathique et toujours humide. 

Les premiers jours le corps grinçait et devait se réhabituer aux efforts. Mon bras droit était douloureux, et je craignais la tendinite. Je continuais quand meme, et j’atteignais la baie du Mont Saint Michel tant bien que mal. 

Je voulais ensuite aller découvrir les plages de Normandie, et la Suisse Normande.

Samedi 8 mai - Sourdeval ( Manche) - 60 km. Camping

Dimanche 9 mai - Brectouville (Manche) - 74 km. Bivouac

Apres Mortain, Vire, St Lo (le Charleroi Normand), j'arrivais à Carentan au Nord de la Normandie. 

Pour cela j'ai traversé le bocage normand, et j'ai du franchir mes premières véritables côtes entre Vire et Pont Farcy. A plusieurs reprises j'ai poussé le vélo.

J'ai rejoint le point le plus au Nord de mon périple, le Calvados et la région des plages du débarquement. Des lieux chargés d'histoire. Partout il y est fait référence. Les plages, les cimetières, les anciens blockhaus, les portraits des soldats tués sous chaque lampadaire, les musées (fermés), ... tout est fait pour ne pas oublier.

Lundi 10 mai - Grand Camp Maisy (Calvados) - 92 km. Bivouac

Mardi 11 mai - Bernières sur Mer (Calvados) - 65 km. Camping

Mercredi 12 mai - Le Vey ( Calvados) - 70 km. Camping

Quelques réglages sur le matos et le bonhomme, et les différentes douleurs s'estompaient peu à peu. Je commençais aussi à retrouver le rythme.

Omaha Beach

J'ai longé cette côte jusqu'à Ouistreham, puis Caen.  A partir de là j'ai pris vers le Sud et emprunté la fameuse "Vélofrancette" qui relie Ouistreham à la Rochelle... J'allais rejoindre cette ville plus tard,  en faisant un" petit" détour.

J'ai pris la direction du Sud en commençant par traverser la Suisse Normande et ces fameux dénivelés. Une chouette région. 

A Flers j'en avais fini des difficultés normandes. Je faisais une pause avec Fanfan un drôle de voyageur à vélo ( 7 ans sur les routes, 3ième  vélo, 45 kilos de bagages, ...).

Je quittais la Normandie et j'allais désormais rejoindre Angers en suivant la Mayenne. Une jolie région appréciée des pêcheurs.

Jeudi 13 mai - Céauce (Orne) - 90 km. Bivouac

Vendredi 14 mai - Origné (Mayenne) - 80 km. Bivouac

Samedi 15 et dimanche 16 mai - Montreuil Juigné ( Maine et Loire) - 68 km. Camping

 

Apres une première pause due à l'orage, j’atteignais Angers. Je retrouvais un itinéraire déjà parcouru avec Ludo. Toujours en tenue de pluie même si les averses s’espaçaient.

Lundi 17 mai - Turquant ( Maine et Loire) - 85 km. Camping

Mardi 18 mai - Tours (Indre et Loire) - 87 km. Camping

Je me suis dirigé vers Tours par Saumur (étape sympa). En longeant la Loire, l'Indre, le Cher. De belles forets (Chinon), de nombreux canaux et chateaux.. Et les terrasses des cafés ré ouvertes.

Mercredi 19 mai - Saint Aignan Sur Cher (Loire et Cher) - 69 km. Camping.

Jeudi 19 et vendredi 20 mai - Vierzon ( Cher) - 75 km. Camping.

Samedi 21 mai - Morogues ( Cher) - 70 km. Bivouac chez l'habitant.

A Tours, après quelques hésitations, je décidais de prendre la direction de Bourges en espérant suivre le Cher et le Canal de Berry. Il m'a fallu tracer ma propre route. La voie verte "Cœur de France" n'était pas finalisée. 

Dans cette région j'ai senti un premier changement. La première sensation d'être assez loin. L'architecture changeait, l'accent, les paysages, les gens, les contacts Je découvrais le Loire et Cher ou vivent de nombreux voyageurs en caravanes, des gitans, des roms. J'ai eu droit de me faire taper sur les doigts par les gendarmes pour avoir grillé un stop...

Depuis Vierzon j'ai décidé de rejoindre des connaissances qui vivent à 30 kilomètres de Bourges. Mon point le plus à l'Est du parcours. Super accueil, retrouvailles, lessive, visites,  nuit dans une nouvelle caravane ... 

M'étant allégé de quelques affaires, je suis reparti de Bourges avec l'idée de suivre la Diagonale du Vide. Ce chemin traverse des régions françaises à faible densité, entre le Nord Est et le Sud Ouest du pays.

Dimanche 23 mai - Bourges (Cher) - 0 km. Camping.

Lundi 24 mai - Saint Amand Montrond ( Cher) - 62 km. Camping.

Mardi 25 mai - Néris les Bains - 64 km. Camping.

De Bourges à Saint Amand Montrond j'ai pédalé  sous la pluie avec de longues lignes droites avec un horizon plat et fade. J'y ai trouvé un camping mettant à disposition des voyageurs à vélo un "abri accueil vélo".

Pendant ces 3 premières semaines j'étais souvent le seul voyageur à vélo, voir le seul campeur, dans les  camping ouverts où je me suis rendu .. Du coup j'ai pu bénéficier  de nombreux avantages  (mobil home, caravane, carport mis a disposition, recharge des appareils électroniques facilement, possibilité de nettoyer le vélo, de faire secher le linge à l'abri,   ...)

Ensuite j'ai découvert une nouvelle belle voie verte de 70 km qui mène à Montluçon. Une ancienne citée industrielle grise. 

A Montluçon je savais que "l'échauffement" était terminé. Maintenant j'allais grimper. Mais à quelle sauce ? Les kilomètres accumulés dans les jambes me permettaient d'aborder cette portion assez sereinement.

Mercredi 26 mai - Saint Domet (Creuse) - 72 km. Bivouac.

Jeudi 27 mai - Peyrelevade (Corrèze) - 71 km. Camping.

Vendredi 28 mai - La Roche Canillac (Correze) - 84 km. Bivouac chez l'habitant

Le soleil pointait son nez et c'était mon premier jour les jambes à l'air. Il était temps. Des les premiers kilomètres j'ai compris que la creuse c'était vallonné. De vraies montagnes Russes entre les étangs et le Cher. Sur les conseils de locaux très sympathiques, je finissais par dégoter un super bivouac pres d'un lac. Un lieu  magique et plein de bonnes ondes.

15 kilomètres de descente pour rejoindre Aubusson. Encore une grande ville sans grand intérêt. Mais je ne venait pas ici pour la ville ... Puis j'ai eu droit à une loooooongue grimpette jusqu'au Parc Naturel de Millevaches en Limousin .

Par chance il faisait beau. Il parait qu'en hiver c'est un autre monde. Un lieu à part. Isolé, calme, vert avec beaucoup de lacs, forets et vaches limousines. Les gens y sont accueillants, ouverts, et certains y semblent également sur une autre planète, et viennent s'y mettre au "vert" ...

J'ai bien aimé traverser cette région malgré les forts dénivelés. 

Sans trop m'en rendre compte, j'ai lentement commencé à redescendre de ce plateau. A La Roche Canillac j'ai eu un superbe accueil avec une famille hollandaise qui venaient d’acquérir un cheap camping. Un bel endroit, une belle famille, une belle soirée, un bon repas... top.

Le lendemain je rejoignais la Dordogne. Des descentes vertigineuses mais rarement directes. Toujours une petite vallée à franchir et une énorme côte à suivre ...

Samedi 29 mai - Saint Denis les Martel (Lot) - 71 km. Camping.

Dimanche 30 mai - Saint Cyprien (Dordogne) - 79 km. Camping.

Lundi 1er juin - Saint Avit Saint Nazaire (Gironde) - 97 km. Bivouac chez l'habitant.

J'avais réalisé le parcours que je souhaitais sans trop de difficultés. Je devais choisir entre continuer plus au Sud (Causses, Haut Languedoc, Ariège,  ... ) avec de forts dénivelés et des paysages exceptionnels, ou commencer à rentrer par l'ouest avec moins de pression de temps (impératif de rentrer fin juin).

Sous un grand soleil je décidais de longer la Dordogne, et ses villages en "ac", jusqu'à Saint Emilion. La Dordogne est une rivière puissante  bordée de grandes falaises et de nombreux châteaux. Une petite départementale permet de suivre ce fleuve. Mais elle ne longe pas la Dordogne. Il faut régulièrement monter et franchir de grosses bosses avant de redescendre dans la vallée. 

A l'approche de Bergerac les paysages devenaient différents, plus plats avec les vignes. La circulation augmentait, et le nombre de "guignols" sur la route aussi. 

J'ai eu du mal à sortir de la ville et à trouver un lieu pour planter ma tente. Mais cela m'a valu un vrai  "jeu" de piste et de rencontres. Le goûter avec une famille à Gardonne, le café avec des paysans, et la chance d'être accueilli chez un drôle de viticulteur, dans sa vallée de la guerre de 100 ans. 

Apres un bivouac chez Damien au cœur de ses vignobles, je repartais les sacoches remplies de vin, fruits et ration de survie offerte. J'ai découvert Saint Emilion et les vignobles.

A Libourne je rejoignais l'eurovélo 3 et je prenais la direction du Nord. A plusieurs reprises je me suis perdu dans les forets d'Aquitaine. Apres une longue étape j'ai finalement bivouaqué dans l'une d'entres elles. 

Mardi 2 juin - Cléyrac ( Gironde) - 100 km. Bivouac.

Mercredi 3 juin - Jarnac ( Charente) - 81 km. Camping.

Jeudi 4 juin - Crazannes ( Charente Maritime) - 75 km. Camping.

Vers Cleyrac je trouvais une belle voie verte (idéale dans ce sens) qui allait me mener jusqu'à Chateauneuf sur Charente. Au moment de prendre la direction d’Angoulême je voyais un panneau faisant référence à la 'Flow Vélo", puis une personne me vantait les mérites de la côte... Je décidais de l'emprunter et de rejoindre Rochefort.

Apres les moustiques Tigres de la Dordogne, j'entrais dans le pays des marais et des moucherons qui m'adorent.

La Flow Vélo est une voie verte agréable qui borde la Charente. Par de petites routes elle traverse de grandes propriétés et vignobles. Elle alterne entre les sentiers et les petites routes, en faisant de nombreux zigzag parfois sans intérêts .

Avant Rochefort je croisais le parcours de la vélodyssée, et je retrouvais des lieux connus où j'étais passé il y a 2 ans. 

Direction la Rochelle, une ville que j'apprécie beaucoup. Mais de Rochefort à La Rochelle le parcours n'est pas plaisant, avec de nombreuses lignes droites longeant l'autoroute. 

Vendredi 5 juin - La Rochelle ( Charente Maritime) - 84 km. Camping.

Samedi 6 juin - Saint Michel en l'Herm (Vendée) - 55 km. Camping.

Dimanche 7 juin - Saint Gilles Croix de Vie (Vendée) - 105 km. Camping.

La ville donne la priorité aux cyclistes et piétons, elle est jolie et à taille humaine. Une fois de plus j'y ai fait de belles rencontres.

Alors que jusque là j'avais croisé peu de voyageurs à vélo, sur la Vélodyssée je me fondais dans la masse.

J'avais prévu de passer à Marans (Merci Anne So et Audrey), mais mes plans ont une nouvelle fois changés. La veille a la Rochelle j'ai fait plusieurs rencontres et j'ai repris la route avec d'autres voyageurs ... 50 kilomètres plus loin chacun suivait un chemin différent. Et moi je reprenais un chemin parcouru avec Ludo en 2017. 

Lundi 8 juin - Noirmoutier en l'Ile ( Vendée) - 87 km. Camping.

Mardi 9 juin - Saint Brévin Les pins ( Loire Atlantique) - 86 km. Camping.

Rejoindre la Vélodyssée c'est aussi retrouver la foule, le tourisme avec les stations balnéaires, les camps de vacances énormes qui longent l'océan, les masses de piétons et cyclistes qui cohabitent tant bien que mal ensemble. 

A Saint Gilles Croix de Vie, j'ai eu le droit de me faire agresser  par un local excédé par les cyclistes ...

Du coup j'ai voulu m'éloigner de cette agitation qui commençait à m'étouffer, et je me suis rendu sur l’Île de Noirmoutier. Un petit havre de paix.

J'ai quitté cette Ile par le passage du Gois qui permet de traverser la mer à marée basse. Désormais l'idée était de rejoindre Saint Brévin les Pins afin de franchir le Pont de Saint Nazaire et d'aller voir les marais de Guérande.

Mercredi 10 juin - Kercabellec Merquel (Loire Atlantique) - 72 km. Camping.

A Saint Brevin, trop de vent, j'abandonnais l'idée de traverser le Pont de Saint Nazaire à vélo. J'ai pu mettre le vélo dans une navette et ainsi franchir cet obstacle sans stress et pour 2.40 euros.

J'ai longé la côte depuis Saint Nazaire. J'ai découvert Pornichet et la Baule... et je suis vite passé à autre chose car ce genre de ville ne me plait pas. Guérande m'a surpris pas son architecture, sa ville clause. J'ai traversé de nouveaux marais qui ne me quittaient pas depuis Rochefort.

De la Roche Bernard j'ai choisi de retrouver la quiétude du "canal"  en rejoignant Redon. J'avais sillonné le Golfe du Morbihan l'été dernier et je ne voulais pas reprendre les mêmes routes.

J'ai fait étape à Saint Martin Sur Oust. Pour la troisième fois je faisais une halte dans ce petit village  avec un lieu de bivouac  agréable près d'un moulin.

Jeudi 11 juin - Saint Martin Sur Oust (Morbihan) - 91 km. Bivouac.

Vendredi 12 juin - Pontivy (Morbihan) - 96 km. Camping.

Samedi 13 juin - Le Cloitre Lanéanou (Finistère) - 110 km. Bivouac.

Dimanche 14 juin - Dirinon (Finistère) - 77 km.

Rouler sur le Canal dans le sens Est-Ouest permet de le découvrir sous un autre versant.

J'ai rejoint  Pontivy. Là-bas j'apprenais qu'un rassemblement vélo était prévu le surlendemain à Morlaix à 9h, 140 kilomètres plus loin. 

Apres une belle bosse à Mur de Bretagne, j'ai pris une voie cyclable que je ne connaissais pas pour rejoindre Carhaix. Je finissais ma plus longue étape avec 20 derniers kilomètres de côte.  Mon dernier bivouac serait  le même qu'au premier jour.

Etant au point le plus haut de cette voie verte je n'avait plus qu'à descendre vers Morlaix et rejoindre ce rassemblement de vélos. J'ai choisi de traverser les terres du Pays Léonard pour rejoindre le Pays de la lune : Plouenan, Plounevez, Chateau de Kerjean, Saint Derrien, Plounéventer, Landerneau.

La boucle était bouclée après un peu plus de 3000 kilomètres