2022 - Un thé à Tanger, une bière à Namur.


 

Mars 2022, j'ai repris mon vélo pour aller rechercher la chaleur du Sud de l'Europe.

Pendant 5 à 6 mois je souhaitais parcourir le chemin de Compostelle, redécouvrir le Portugal et sillonner la France à vélo. Retrouver  ce bol d'air du voyage à vélo.








Ma petite aventure a redémarré à la fin de l'hiver, par les rives du Canal de Nantes à Brest. De Châteaulin à Nantes l'itinéraire est plat, ça permet une mise en jambes progressive. Le bivouac se fait sans problème.  Seul les ravitaillements demandent un peu d'organisation. 





Je n'ai pas croisé de voyageurs à vélo jusqu'à Nantes. Là-bas j'ai pris la direction du Sud Ouest de la France pour rejoindre l'Espagne.

Dans un premier temps j'ai choisi de traverser la Vendée par l'Est, et ses nombreuses vallées.






Sous la pluie j'ai rejoint le marais poitevin, puis la Rochelle, Rochefort et Royan. Rien de nouveau  c'est un parcours que j'avais déjà réalisé lors de précédents voyages. Progressivement j'ai pris le rythme, et les douleurs physiques des premiers jours s'estompaient.


Premier vélo de la saison sur le pont à bascule de Rochefort



A Royan j'ai pris le bac pour traverser l'estuaire de la Gironde. Puis, avec un froid glacial j'ai descendu la France jusqu'au Pays  Basque, en suivant l'océan au cœur des forets ravagées par les incendies quelques mois plus tard.

J'ai commencé à rencontrer plusieurs voyageurs à vélo : des suisses qui arrivaient du Sud de l'Espagne et se rendaient au Cap Nord, un français parti d'Orléans pour rejoindre Dax, un nantais de 50 ans qui faisait sont premier voyage sans aucune préparation, Un allemand à vélo qui parcourait la Vélodyssée d'hotels en hotels.






Après des températures  négatives j'ai rejoint le Pays Basque où je pouvais apercevoir les Pyrénées. J'ai installé ma tente à Guéthary. Je me suis reposé 2 jours le temps de laisser passer l'orage, et me préparer au passage des Pyrénées...
















L'Espagne :

J'ai eu la chance de bénéficier d'un grand soleil pour gravir ces montages. 
Non sans mal j'ai rejoint Pampelune en Espagne.  Par une voie verte au départ d'Hendaye, puis par les petites routes des cols pyrénéens. Un grand merci à Joanes, un allemand, qui m'a aidé à franchir une portion difficile de cette étape.










J'ai commencé par suivre le Camino dans les pas des pèlerins. Une superbe atmosphère.
Apres deux journées où je me suis obstiné à prendre le chemin, j'ai vite compris qu'il était préférable d'alterner avec la route nationale afin d’éviter certains reliefs accidentés du Camino.





Castrojeriz ..


Plateau de la Meseta




Suivre le Camino est une aventure en soi. L'impression d’être dans une long trail,  au ralenti. Chacun a le même objectif d'avancer vers Santiago, avec un rythme différent. Les nationalités se mélangent, les contacts sont faciles, les paysages splendides, une ambiance à part sur le chemin et en auberge.

Beaucoup de moments passés hors du temps à échanger avec d'autres pèlerins : Lorenzo de Milan, Jésus de Madrid, Grégoire un Sud Coréen vivant à Aix en Provence, 2 hollandaises qui avaient du mal à attendre la troisième, 2 américains, 3 français fans de Zémour dans une auberge, un Suisse avec son petit vélo, Phil un anglais très pressé, 2 marcheurs partis d'Auvergne. 
Andres, Anouar et Rodrigo, 2 espagnols et un brésilien qui parcouraient le Camino à vélo. Nous nous sommes croisés régulièrement et finalement nous nous sommes retrouvés en meme temps à Santiago.



Montagnes galiciennes ... ça grimpe.






O'Cebreiro, le Saint Grall

 












La  Galice m'en a fait voir de toutes les couleurs. 





Arrivé à Santiago c'est un mélange d'émotions. Une fierté d'avoir réalisé ce pèlerinage, une certaine mélancolie parce que c'est fini. Et la joie de pouvoir continuer sa route  rempli des souvenirs du chemin.



J'ai voulu continuer par le Camino Portuges Central en direction de Porto. Une nouvelle ambiance en sens inverse, face aux pèlerins. Un parcours accidenté et toujours de la grimpette et des dénivelés.



Pontevedra, la ville "sans voitures".


Frontera

 Le Portugal :

Je suis arrivé à Porto après de nombreuses épreuves. Alors que je me perdais dans cette immense ville un gars de la Rochelle m'a orienté vers un super lieu pour faire halte .
J'y ai  fait de belles rencontres : Furat un français de Salamanca vivant à Madrid, un allemand à vélo qui n'arrivait plus à repartir après 11 jours de pause. 


J'ai repris mon périple en longeant l'océan. Des paysages variés et rarement plats. Pas ou peu de balisage vélo pour traverser ce pays.  






Le Portugal est une destination Surf (Nazare, Ericeira, Peniche). Allemands et Hollandais se bousculent pour accéder aux nombreux spots. 

A partir de Porto j'ai croisé plus de voyageurs à vélo. Un couple d'anglais  qui se perdait régulièrement, un couple de Quebecois expérimentés (40 ans de voyages, 7 langues parlées ...) ' avec qui j'ai passé 2 jours, un belge de 40 ans avec sa fille de 14 ans qui arrivaient du Sud de l'Espagne après 6 semaines de vélo, Javier qui est espagnol et qui vit à Édimbourg ...











Le Sud de Lisbonne jusqu'à Sagres  est probablement la partie que j'ai préféré du Portugal. Une région protégée et moins dénaturée par le tourisme, avec des lieux magiques à cette période de l'année. J'ai appris plus tard que cette région allait être envahie de futurs complexes hoteliers de luxe...

Zanbujeira do Mar, un coup de cœur..











Ensuite j'ai rejoint l'Algarve. 




Je m'attendais à une région paradisiaque. Mais à partir de Lagos je me suis senti étouffé par une ambiance particulière que l'on retrouve sur la majorité de cette côte : des infrastructures hôtelières omniprésentes, bars et restaurants remplis de touristes , une côte souillée par les constructions. Un paradis perdu et bruyant.
Mes nuits ne dépassaient plus 4 à 5 heures à cause du voisinage . Il était temps de rejoindre la frontière espagnole en espérant retrouver plus de quiétude.


Ma dernière étape portugaise m'a mené  à Monte Gordo, à la frontière. J'ai passé deux jours avec Alex, un franco portugais de 57 ans. Organisateur d'événements alternatifs en France. Il a décide de s'installer au Sud du Portugal. Une belle rencontre, de belles discussions autour de ses voyages (Iran , Liban , Maroc, Gabon, Nepal ...) du dessin , de la guitare...

Je suis revenu en Espagne par le point le plus au Sud Ouest. J'ai passé la frontière avec un petit ferry. Un retour dans la douleur car je n'avais pas étudié l'itinéraire, ni écouté les conseils... Première crevaison, des tours, des détours, des rencontres (Arbia, Ben, Gino, les Portugaises ...), des découvertes, qui m'ont finalement  menés jusqu'à Seville













En suivant le Guadalquivir. et ses nombreux insectes , je suis arrivé à Cadiz. J'ai fait route avec Ben, un autre voyageur  vélo, pendant quelques jours. Nous nous sommes perdus sur la route de Tarifa.
Apres avoir lutté contre le vent j'ai pu prendre une navette vers Tanger.








Connaissant bien le Maroc, et Tanger, j'ai fait le choix d'une courte étape avant de remonter en France, et ainsi éviter les grosses chaleurs andalouses. Je n'y suis resté que quelques jours avant d'embarquer vers Sète. 





Retour en France :

En l'espace de quelques jours j'avais traversé 3 frontières,  changé d'heure 4 fois, subi une dizaines de contrôles au Maroc, dormi  pendant 2 jours dans les couloirs d'un  ferry ... 
Je retrouvais la France, en étant un peu déboussolé, au milieu des naturistes du Cap d'Agde...


Pour quitter cette Côte d'Azur, et retrouver le calme, j'ai pris la direction du Parc du Haut Languedoc. Une belle découverte.








Apres Bezier, Castres, Albi, je me suis lancé dans la vallée du Tarn. Par la route des tunnels je rejoignais Saint Affrique et Millau.


J'ai aimé cette région.Des paysages grandioses et  des gens accueillants. Une certaine douceur de vivre qui m'a plu..






Pour  remonter la France j'ai continué à longer le Tarn par ses gorges. Mais arrivé tout en haut j'ai fait demi tour pour me rendre dans le Larzac.





Le plateau du Larzac se mérite. Que ce soit pour le gravir ou le quitter. Les grosses chaleurs, l'isolement,  3 crevaisons, du  relief...


Après  le Sud des Cévennes et l’Ardèche j'ai rejoint le  Pont du Gard. Les 45 ° quotidiens devenaient étouffants.







Depuis Avignon j'ai  remonté la vallée du Rhône jusqu'à Chalon sur Saone. A Macon j'ai senti que je quittais le "Sud". L'accent  et le climat n'étaient plus les memes.






J'ai hésité à passer par Paris, ou rejoindre le Lac Léman ... et finalement j'ai pris entre les deux, plein Nord, en suivant la Meuse. 







Sous les orages, je continuais le parcours de la diagonale du vide entamé l'année précédente. J'ai découvert  un région à faible densité, le pays des poilus et de Jeanne la Pucelle. Mon vélo commençait à souffrir ...












Detour par la Belgique :

J'ai fait un bref détour par la Belgique. Cela m'a permis de contourner certaines difficultés, de retrouver une région que je connaissais, et d' aller boire une bière à la petite Albanie de Namur.






Apres cette breve escale Belge je décidais d'aller rendre visite à David, un ami, à Amiens. Traversée par les Hauts de France, le pays des friteries et des fetes foraines. 5 ième crevaison du voyage à Maubeuge.








Amiens. David me réservait un super accueil. J'y suis resté le temps d'un week end. J'ai découvert une ville surprenante avec ses hortillonnages et sa cathédrale.

Sous un grand soleil j'ai remonté la Somme, et la baie de Jean Pierre Pernot. 



Encore de beaux paysages et de belles rencontres. Je garderai  le souvenir  de ce petit gars de 14 ans qui a décide de rouler avec moi pendant 30 kilomètres, parce qu’il avait le temps et que mon mode de voyage le rendait curieux.



J'ai aussi découvert une région infestée de "bêtes d'orage".
De là je rejoignais la Seine . A Quevilly Rouen j'ai rencontré Mohammed.Un homme extraordinaire qui m'a accueilli dans son café marocain au cœur d'un quartier bien chaud.
La Seine à vélo ne m'a pas vraiment emballé. Et, au lieu de rejoindre Paris j'ai bifurqué vers Chartres.




Une nouvelle cathédrale et je traversais les plaines de la Beauce. Sous la canicule j'ai aimé l'atmosphere étrangement plate de cette région. Je me suis perdu dans le Perche sur la route du Mont Saint Michel.


J'ai traversé la Mayenne et j'ai retrouvé  le Mont Breton. Là-bas, retrouvailles avec la tribu Chao avec qui j'avais roulé en Hollande 3 ans auparavant.


Le Mont Saint Michel

J'ai longé la Cote jusqu'au Finistère. Un itinéraire déjà réalisé qui me renvoyait plein de souvenirs. J'ai fait étapes dans les Cotes d'Armor pour un festival avec des amis.

Le Cap Frehel.




 Retour dans le Finistère et passage pour des lieux  familiers (Le cloître, le Diben)








Apres de nouvelles retrouvailles à Lannilis j'ai voulu boucler la boucle. Je me suis rendu jusqu'à la pointe de Corsen (point le plus à l'ouest de la France continentale), puis la Pointe Saint Mathieu et Brest.









Je clos ce voyage par un dernier bivouac à Dirinon, dans une des  forêts de mon enfance.


Distances :

France : 4900 km en 73 jours.
Espagne : 1700 km en 28 jours.
Portugal : 1300 km en 22 jours.
Belgique : 124 km en 2 jours.
Maroc : 43 km en 5 jours

111 jours de voyage à vélo.
19 jours de repos.
5 crevaisons.


Commentaires

  1. Quel talent ! Joli à lire 👍🙏🚴‍♀️

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  2. Quel plaisir de te lire et de découvrir ce fabuleux parcours avec tes écris tes photos et tes dessins . Merci , tu nous fais voyager .

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