Etape 10 : Via de la Plata et saut de puce en Angleterre.

  






J'ai quitté le Maroc sous le soleil de Tanger.





















Deux options s'offraient à moi pour rejoindre le Finistère :

- Prendre le ferry en direction de Sete et  retourner directement en France.
- Ou, rejoindre Tarifa, la ville la plus au Sud-Ouest de L'Europe.

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Apres une étude de la météo et une petite fouille réglementaire  avec les douaniers marocains, je rejoignais l'Espagne qui m'avait laissé de bons souvenirs.

9 janvier : Vejer de la Frontera - 50 km.
10 janvier : Cadix - 87 km.
11 janvier : Vetaherrado - 92 km.
12 janvier : Sevilla - 50 km.
13 janvier : Almaden de la Plata - 68 km.
14 janvier : Calcadilla de los Barros - 69 km.
15 janvier : Merida - 74 km.
16 janvier : Carrer de Caceres - 84 km.
17 janvier : Aldeanueva del Camino - 107 km.
18 janvier : Gujuelo - 58 km.
19 janvier : Salamanca - 60 km.
20 et 21 janvier : Santander


En débarquant à Tarifa il me fallait rejoindre Séville pour ensuite choisir la suite du parcours. Le fameux Guadalquivir est infranchissable avant Séville. J'ai  rejoint Cadix, non sans mal, dans un premier temps. 

J'ai rapidement constaté que le temps était différent du Maroc. Un froid sec, et quelques bivouacs bien sauvages avec 0° au réveil. Mais toujours le soleil. 




200 kilomètres plus loin et j'arrivais dans cette ville chargée d'histoire. Le carrefour de trois chemins possibles pour la suite :

- L'Est par la Via Augusta.
- L'Ouest pour me rendre au Portugal.
- Le Nord par la Via de la Plata.




Prenant en compte plusieurs facteurs ( la fatigue physique, l'hiver et le sac de couchage déplumé, la possibilité de rejoindre un ferry à Santander, …) j'ai choisi de poursuivre sur le Camino de Santiago par la Via de la Plata.


https://rutadelaplata.com/fr/






Cette ancienne voie romaine est bordée d'architectures impressionnantes. Elle remonte du Sud vers le Nord de l'Espagne et était plus ou moins bien balisée. Cela me permettait de cheminer sans trop me préoccuper de l'itinéraire.








J'ai d'abord découvert la campagne sévillane.  Ses plats et saveurs typiques. J'ai adoré l'ambiance des cafés andalous où toutes les générations qui s'y retrouvent. De vrais points de vie et de liens sociaux où on y parle toujours très fort.




















Je devenais un vrai Pélégrino pour cette fin de voyage.









Prendre cette voie fait voyager dans  "l'univers" du pèlerinage vers Saint Jacques de Compostelle.













J'ai obtenu mon Crédential. Ce document "officiel" est tamponné à chaque étape jusqu'à Saint Jacques de Compostelle.



Il me permettait d'accéder aux nombreuses auberges du parcours. 


Des lieux avec confortables où j'étais souvent seul au milieu de dortoirs .




J'étais ravi de les découvrir et de ne plus avoir à sortir ma tente avec ce froid polaire.





Un matin, en regardant la météo dans un des nombreux cafés espagnols, je me rendais compte que je me dirigeais vers des températures plus que négatives dans le Nord du pays.
Je n'avais plus le choix maintenant que je m'étais engagé sur cette Via.

Sur ma route je croisais très peu de pèlerins. Beaucoup d'Espagnols m'encourageais avec des "Buen camino". Ils étaient surpris de me voir à cette période de l'année sur la Via de la Plata et dans ce sens. Tous me mettaient en garde contre le froid et la neige que je rencontrerai au Nord.








L'Extremadura est très jolie et tient bien son nom.


J'ai souvent suivi la N630, une nationale désertique avec beaucoup de bâtiments "fantômes" où le temps semble s’être arrêté. 




Je garderai aussi  le souvenir d'une fameuse côte, très courte mais extrêmement raide après m'être engagé pendant 15 kilomètres dans un parc naturel exceptionnel.
J'ai du  pousser (porter) mon vélo et ses 30 kilos de bagages, sur 1 seul kilomètre, en faisant des pauses tous les 5 mètres ...









En remontant vers le Nord le froid s'est accentué. Je passais "entre les gouttes" une nouvelle fois car la neige pointait le bout de son nez à Séville quelques jours après mon passage.






A Mérida,après avoir hésité à rejoindre Madrid, une espagnole me conseillait de poursuivre vers Salamanca. Cela me permettrait d'éviter la neige en y prenant un train pour Santander.







J'ai du m'équiper au mieux pour affronter ces moments de"grands" froids humides. Au Sud la neige, au Nord la neige, à l' est et à l'ouest les tempêtes et la pluie ...

La difficulté était de trouver le bon compromis entre avoir chaud et ne pas trop transpirer  …  en oubliant le style :



Les pieds : 2 paires de chaussettes + chaussettes lizard + sac plastique sur les chaussures + guêtres.
Les jambes :  legging + chaussettes de compressions de running + cuissard vélo + pantalon de pluie.
Le haut : 2 tee-shirts techniques + manchons + veste
Les mains : 2 paires de  gants l'une sur l'autre + sacs plastiques en cas de pluie.
La tête :  bonnet + casque + capuche + tour de cou.




J'ai franchi des cols dont je n'avais pas du tout imaginé l'existence ...Ca grimpait sec vers les stations de ski et thermales.  Un air de Suisse avec ces petits villages de montagnes.














Ma dernière étape en direction de Salamanca fut éreintante.
60 petits kilomètres avec un peu de dénivelés, ça devait rouler. Apres une nuit très courte je prenais un départ matinal avec -2°. Un vent de face atroce, puis des rafales à 110 km/h ...bref petit plateau en descente et 10 km à pousser le vélo car je ne tenais plus dessus … et pas un cycliste sur les routes, un dimanche  !

J'étais content d'arriver dans cette belle ville.




Etant donné les conditions météo qui n'étaient pas optimistes, je prenais la décision de me rendre à la gare de Salamanca, et de finir le parcours espagnol en train ...Là-bas on m’annonçait que je n'avais pas le droit de mettre mon vélo dans le train ... bien bien bien.

Je m'orientais vers la solution du bus mais il me fallait démonter le vélo... guidon, pédales, roues, et mettre le tout dans une mini housse à vélo ... bien bien bien. 








A Santander je pouvais souffler même si le vélo avait souffert dans la soute.

Initialement je pensais y prendre un ferry pour Cork en Irlande. Y rester quelques jours ou semaines,puis rejoindre Roscoff ... Mais finalement pas de ferry pour Cork, ni même pour Plymouth avant le mois de mars ... bien bien bien.

 J'ai donc pris le seul ferry qui partait en Angleterre, vers Portsmouth.





Apres 28 heures de ferry je débarquais de nuit en Angleterre. ... Je trouvais un lieu  pour bivouaquer dans un parc.

La pluie, le vent, le froid, le matériel un peu fatigué. Il était peut être temps de rentrer à la maison.



Un court passage à Rennes et je rejoignais la chaleur relative du pays de la lune. 








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