Etape 2 : Sardaigne, et Sud de l'Italie.

 


 




L'Italie ! J'ai de suite baigné dans une autre ambiance bien différente de l'Espagne.

Du ferry je pouvais déjà apercevoir les montagnes Sardes qui me tendaient les bras.

Tout comme dans le pays précédent le camping "sauvage" y est interdit. J'ai donc bien galéré à trouver mon premier bivouac. Pour autant, par la suite, les Sardes m'ont expliqué qu'à cette saison c'est toléré si je ne suis pas trop visible J'ai donc "joué" à cache cache plusieurs fois afin de pouvoir bivouaquer à l'abri.




Sur les conseils de Patrice et Nathalie, de grands aventuriers de Poitier rencontrés à Barcelone, j'ai choisi de descendre l'Ile par l'ouest qui est plus authentique.

17 avril - Santa Maria La Palma - 35 km.
18 avril - Bosa - 69 km.
19 avril - Santa Catharina - 50 km.
20 avril - Mogorella - 60 km.
21 avril - Las Colinas - 42 km.
22 avril - Sardara - 13 km.
23 avril - Monastir - 70 km.
24 avril - Sestu - 46 km.
25 avril - Flumini - 43 km.
26 avril - Flumini - 50 km.
27 avril : Cagliari - 25 km.



Que d'aventures en Sardaigne et que de paysages différents. 
Sous un vrai cagnard j'ai gravi les montagnes Russes de la Riviera Del Corallo.
J'ai rencontré Annie et Jean Claude qui m'ont ravitaillé en eau. Ils voyagent en camping car et nous nous sommes revus par hasard à plusieurs reprises ... une belle rencontre.


… dur, dur, tres dur, mais un marathon  magnifique.


 

Avec du recul les étapes les plus difficiles laissent généralement les plus beaux souvenirs.
Puis j'ai lutté contre un vent de face de 90 km/h en tirant des bords pendant 4 jours. 


J'ai eu la chance de faire plusieurs rencontres très amicales avec des Sardes.

Entre autres, un matin j'ai rencontré deux italiennes qui regardaient mon vélo. Je me suis fait offrir le fameux espresso italien… et 40 bornes plus loin, alors que j'observais le paysage pour essayer de trouver un lieu de bivouac, vlatipa qu'on me siffle. C'était une des deux femmes qui venait de me revoir passer devant elle et qui m'invitait à venir boire un autre café au bar du village … La serveuse m'a elle aussi offert à boire et à manger, et Ines m'a invité à venir chez elle passer la soirée avec sa famille. Le top : petit village de centenaire (400 habitants) perché en haut d'une petite montagne, lessive, repas délicieux, lit king-size, petit dej ...




  

je suis reparti le lendemain matin avec du fromage de brebis en réserve dans mes sacoches… et une contracture à la cuisse.



Pour le Week end de Pâques, après une nuit dans les montagnes à l'abri de la tempête, j'ai repris ma route et seulement 1 km plus tard j'ai rencontré une famille italienne qui m'a invité à luncher avec eux.
Pour les remercier je leur ai offert le fromage de brebis.




Jordano et sa femme ont leurs deux fils qui voyagent à vélo depuis 6 ans et en sont à 88000 km ... http://www.magiobiketour.com/photos/. Actuellement ils sont au Cameroun. Ils comprenaient donc très bien ma situation.
C'était génial. J'ai pu découvrir les célébrations locales des fêtes de Pâques (processions, pétards, …).


 


et manger un repas gargantuesque : raviolis maison, porcelet, salades à l'anis, radis énormes, pâtisseries locales, café, vin, vin, vin, digestif… j'ai repris la route en ne roulant pas très droit et avec de nouvelles provisions dans les poches. Ce jour là je n'ai fait que 13 km le temps de trouver un bivouac.




La Sardaigne c'est des collines (pour moi des montagnes), des fontaines auxquelles je ne prenais pas le risque de boire ou en la filtrant (n'est ce pas Gwénola ;-). Une eau minérale qui ne s'appelle pas Isabelle mais Frederica. Des maisons voutées en pierres jaunes. Des moutons et de gros chiens de bergers blancs qui se perdent au milieu des troupeaux (pensée pour Jack London …). 
Sur la route c'est différent des espagnols.. . Ils roulent à bloc tout le temps et freinent au dernier moment. Le respect de la velocidad n'existe pas. Le téléphone au volant c'est presque tout le temps, et les lignes continues n'ont aucun intérêt.
Mon vélo a fait sensation en Sardaigne. C'est un vrai moyen d'échanges et de communication qui amenait des sourires
Les voitures klaxonnent. Les gens passent et repassent pour me voir.  Certains pensent que je suis un tifosi de la Juventus de Turin avec le drapeau breton gwen a du.


Je n'ai pas vu d'autres cyclotouristes chargés comme moi, ni faisant du camping sauvage. Les quelques cyclistes rencontrés dorment en Agriturismo.  A chaque arrêt j'avais droit à des photos. Donc je posais pour la photo, mais c'est vraiment pas mon truc. Je pars du principe de ne jamais refuser, ni de fuir toute discussion, photos, et d'accepter les cadeaux et invitations., 


Cagliari :

Pour finir mon cheminement en Sardaigne je me suis dirigé vers Cagliari et les grandes stradas.

Dans un rayon de 20 km autour de cette ville on trouve des détritus partout. J'ai aussi vu des réfugiés qui se cachaient dans le bois (le racisme y semble assez présent).




Je m'y suis pris à deux fois pour réussir à pénétrer cette ville entourée d'autoroutes.Et seule une petite route de campagne permet d'y accéder en sécurité. 
A ma première tentative je me suis complètement loupé et j'ai tourné en rond autour de ces 4 voies. Apres de nombreuses tentatives infructueuses j'ai finalement décidé de m'engager sur le périphérique n'ayant pas d'autre choix. A peine avais-je pris mon "envol " que la fixation de ma selle cédait sur un nid de poule au beau milieu d'un échangeur… catastrophe. 5 km à pousser mon vélo j'étais toujours entre les autoroutes, sans selle et en plein désespoir. Je me suis donc résolu à attendre un éventuel sauveur; assis sur le bord de la route en marquant en grand sur mon sac jaune "I NEED HELP". Au bout d'une demi heure mon sauveur est arrivé. Ce n'était pas Zorro mais un camion de remorquage qui m'avait aperçu et avait fait demi tour pour venir m'aider … le vélo à été chargé sur le camion et il m'a déposé chez un vélociste à 5 km de mon point de départ du jour … tout c'est bien terminé






Apres avoir bivouaqué  aux portes de la ville, le lendemain j'ai pu découvrir Cagliari plus sereinement . J'avais été chassé par un berger et des fermiers au réveil, la journée s’annonçait longue. Un campegio à 20 km de Cagliari… une journée de repos à 50 bornes... Cagliari est à l'image de la Sardaigne, ça grimpe. Ce n'est pas une ville adaptée à la pratique du cyclisme.




 

La Sardaigne m'a un peu épuisé physiquement . Mais toutes ces rencontres, les paysages magnifiques, et la nourriture font oublier les difficultés. J'ai fini par prendre un ferry pour Palerme avec Annie, Jean Claude, Michel, Sylvie, et Clément de St Maxime.




 Et, des dizaines de fous du guidon qui venaient de faire 600 bornes en Sardaigne et s'apprêtaient  à en faire 600 autres afin de valider leur droit de participer au futur Paris Brest Paris.







27 avril : Palerme - 5 km
28 avril : Reggio de Calabre - train + 40 km
29 avril : San Vincenzo - train + 35 km
30 avril : San Vincenzo - repos
1er mai : Villapane Scalo - 50 km + train + 4 km
2 mai : Novasiri Scalo - 58 km
3 mai : Pisticci - 58 km
4 mai : Matera - 78 km
5 mai : Cassano delle Murge - 45 km
6 mai : Alberobello - 67 km
7mai : Alberobello - repos
8 mai : Monopoli - 46 km
9 mai : Bari - 62 km



La suite de mon périple s'est donc principalement déroulée sur la semelle italienne (extrême Sud de l'Italie qui est en forme de botte), en Calabra et dans la Pulgia.
JJ'ai pris la direction de la Sicile en compagnie de Clément rencontré à Cagliari.

En arrivant avec le ferry  j'ai pu remarquer que la Sicile était également très montagneuse, et ça m'inquiétait un peu .



Je ne me sentais pas de faire de la grimpette dans mon état physique du moment(douleurs musculaires  et tendons fragiles probablement à cause de la fatigue et du manque d'hydratation.)


A Palerme Clément a pris la direction du Sud de l'Ile. J'y suis resté le temps de faire une  visite de la ville.

 




J'avais pris un hôtel dans le quartier chaud de la gare … J'espérais m'y reposer. C'était un hôtel de passes et je n'ai presque pas fermé l'œil de la nuit. ...


Le lendemain j'ai utilisé le TrenItalia qui est bon marché ,  pour rejoindre Messine et traverser son détroit.




J'ai rejoint la Calabre. Je n'avais pas anticipé l'itinéraire et je l'ai "joué" au feeling,.. et je n'ai pas pris le bon ferry …J'ai  poursuivi mon périple en suivant la côte sud calabraise, et non la côte amalfitaine.

La Calabre:







Arrivé à Reggio de Calabra j'ai découvert une ville avec des petits vieux comme des parrains sur les bancs que tout le monde saluaient bassement sur la place centrale, de nombreux magasins et voitures de luxe, des regards froids distants puis sympathiques, des familles endimanchées qui faisaient les cent pas sur la croisette … toute la ville était dehors, les hommes en costumes cravates et les femmes magnifiques.


J'ai galéré jusque tard dans la nuit pour bivouaquer,  hôtel hors de prix et pas de camping … . Ce fut entre deux barques en bord de plage. Un lieu glauque où je n'ai presque pas fermé l'œil de la nuit une nouvelle fois.


Dans cette région chaque lieu isolé, qui est accessible en voiture, est souvent  un lieu de passes (pas pour jouer au foot) , ou de consommations d'alcool ou de drogues à la nuit tombée … les gens y jettent  leurs détritus, bouteilles, sacs poubelles, des kleenex, des décharges à ciel ouvert partout …



Personne ne se déplace à vélo en Calabre, et rien n'est fait pour. Mon vélo et mon voyage continuent donc de faire sensation et d'attirer les échanges.
C'est le culte de la voiture. Ils roulent comme des fous dans leur rutilantes berlines, ou leur panda, souvent  avec les mains ailleurs que sur le volant …



Etant épuisé j'ai pris un nouveau train en espérant m'éloigner de la route principale et retrouver le calme …









  

Mais j'ai poursuivi mon parcours à vélo sur la SS 106 car la voie ferrée était en travaux. J'ai dû me résoudre à circuler sur cette fameuse route appelée route de la mort, la brusca …...
J'en tremblais tellement c'était dangereux (pas de bandes d’arrêt d'urgence, tunnels, des poids lourds me frôlaient )

Un œil toujours dans le rétro et un autre sur la chaussée qui est complètement défoncée et déformée de nids de poules entre lesquels il faut slalomer.
Des bouquets de fleurs tous les kilomètres pour rendre hommage aux victimes de cette route  . Casque, rétro et gilet jaune indispensables.

80 % des calabrais n'auraient plus leur permis de conduire en France.


Parfois je me suis un peu perdu en campagne pour souffler mais là aussi c'était compliqué car je revenais toujours sur cette SS 106.



La campagne, bien que très jolie, c'est pas très zen en Calabre. A chaque ferme des chiens de la taille de mon vélo me coursaient et me mettaient le palpitant en feu… Ou, parfois des routes sont interrompues, les travaux sont à l’arrêt et il faut faire demi tour ... mamamia que d'aventures.

J aurais également pu me faire un manteau de fourrures tellement il y a d'animaux tristement percutés et laissés a l'abandon au bord des routes.


Cette route m'a gâché l'ambiance  de cette région pendant quelques jours. J'ai également eu du mal à y bivouaquer ou trouver des campings. Des difficultés pour trouver de l'eau potable (merci le filtre à eau). Plusieurs jours de rang j'ai du me résoudre à camper à"l'arrach" en bord de plage, ou dans des forets caché dans d'anciens camps de clandestins.










Je ne montais même pas la tente et m'enroulais dans ma bâche et mon sac de couchage pour pouvoir déguerpir au moindre problème... 

Ces bivouacs plus que sauvages m'ont  permis d'assister à des levers de soleil exceptionnels.

La Calabre pourrait être un petit paradis, mais elle semble délaissée ...






J ai beaucoup aimé  parler et apprendre l italien. Au bout de presqu'un mois en Italie je baragwine pas mal en Itagnol ou Espalien. C est pas trop complique les langues latines, je mixe. Par respect je fais toujours en sorte de ne pas parler en francais ni anglais.  a sinistra, a destra, cane, bonjorno, bonasera, bonanote, molto, pronto, prego, piano, doue, cerccando, la strada, la paneteria, arriverdercci, ti amo, la senora , paracetamolle....



Ce qu'il me reste de cette région, la Calabre, c'est le soleil, la bonne bouffe, les lezars, les serres, les oliviers, les moutons, les minis scorpions, la peur, les doutes et les douleurs, la résistance … et de nombreuses rencontres :  Sophie à Reggio de Calabra, David un anglais et son amie polonaise, les camping caristes hollandais, ...
J'y ai aussi mis le drapeau breton en berne car beaucoup sont anti juventus de torino et le noir et blanc ca ne peut qu’être ca pour certains...

Souvent je me suis dis "demain je me repose", et j'ai parfois mis longtemps pour  trouver un lieu de "repos" ou je pouvais me coucher et me lever sereinement.

Ces étapes m'ont aussi confirmé que je n 'aime vraiment pas les chiens quand je fais du vélo  " cane o no cane en esa Strada? ".

Les pouilles :




Dès que j'ai pu j'ai bifurqué, vers le talon de la botte, la campagne des Pouilles (La Pulgia).
 J'ai découvert des petits villages à flanc de colline, une magnifique campagne vierge, calme, "propre" et belle, des routes tranquilles et pas trop de chiens ni de colinas… plutôt le pays des chats sauvages.




 




Je me suis dirigé vers Matera et ses Sassi, qui est exceptionnelle.( c est pas vraiment les Pouilles) mais déja blindée de touristes en cette période.









J'avais décidé de m'y reposer ... et une nouvelle fois la galère!
Enorme orage et pas de lieu de bivouac, accueil détestable  ... Dur dur , je me suis installé de nuit, complètement trempé, au fond d'une carrière ...  et pas de repos avec un  réveil à 5h pour déguerpir, …






Le lendemain un groupe de cyclistes a eu pitié de moi sur la route. 
Ils m'ont accompagné jusqu'à une forêt me permettant de me reposer…



J'ai pris la direction d'Alberobello qui m'avait été conseillé pour ses trulli, par ces fameux cyclistes et un petit vieux avec son chien Fure ( comme la chanson !?!? ) rencontré dans cette foret. J'ai pu m'y reposer .



J'ai découvert la grotte de Castelana Grotte en version allemande ...





Puis ce fut l'arrivée à Monopoli avec vue sur l'Adriatique. Pas de rue de la Paix mais c'est tout comme, paisible et magnifique. J'y ai rencontré un couple d'Hollandais exceptionnels avec qui j'ai passé la soirée... De grands voyageurs qui vivent dans leur 4x4 en parcourant le monde






Ma route m'a finalement mené à Bari ( en pèlerinage pour l'OM) où normalement  je vais prendre un nouveau ferry pour faire cap à l'est …


 Fini le pays des montagnes et de la mer, des corneto et des expresso, des belles brunes italiennes, de la beau gosse attitude, du bon pain, du très bon vin et des délicieuses spécialités culinaires qui mériteraient d'être importées ...






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